Un fait brut : l’Église catholique ne transige pas avec le mariage. Les règles sont gravées dans le marbre, même quand la vie réelle s’en mêle avec fracas. Pourtant, derrière la fermeté apparente, les situations d’adultère et de remariage soulèvent des vagues. À quoi s’expose un catholique qui souhaite se remarier alors qu’un adultère a brisé son couple ? Décortiquons les rouages et les marges de manœuvre, loin des idées reçues.
Plan de l'article
- La doctrine catholique face au divorce et à l’adultère : repères essentiels
- Remariage après un adultère : quelles possibilités selon l’Église ?
- Le pape François et l’évolution du regard pastoral sur les divorcés remariés
- Être accueilli dans la communauté catholique après un remariage : droits, limites et accompagnement
La doctrine catholique face au divorce et à l’adultère : repères essentiels
Pour l’Église catholique, le mariage ne relève pas du simple acte administratif. Il engage, il dépasse le cadre civil, il s’inscrit dans la chair d’une existence. Ce n’est pas une option, mais un sacrement : un don mutuel, un serment prononcé devant Dieu, entre un homme et une femme. Et ce lien, l’Église le proclame indissoluble.
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Le divorce devant la loi ne détruit pas ce que l’Église considère comme uni pour toujours. L’adultère, aussi brutal soit-il, blesse le couple, mais n’efface pas le mariage sacramentel. Cette conviction, l’Évangile la scelle d’une phrase implacable : « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ». Même la trahison conjugale laisse subsister ce lien invisible mais tenace.
Autrement dit, le premier mariage continue d’exister aux yeux de l’Église, même quand la vie commune a explosé ou que l’un des conjoints a commis l’irréparable. L’interdiction de tout remariage religieux, tant que le premier conjoint est vivant, découle de cette vision. L’engagement initial n’est pas un simple pacte : il engage la personne tout entière.
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Pour y voir plus clair, voici un tableau des situations les plus courantes et leur traitement par la doctrine catholique :
situation | conséquence selon l’Église catholique |
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Cette position s’appuie sur le droit canonique et la tradition. Pour l’Église, le mariage n’est pas une simple formalité. Il marque un engagement devant Dieu, irréversible, même si la réalité du couple s’effondre.
Remariage après un adultère : quelles possibilités selon l’Église ?
Repartir à zéro après un adultère et un divorce civil ? La porte du remariage religieux reste verrouillée, tant que le premier mariage n’a pas été déclaré nul. Le droit canonique ne laisse pas la place au doute : « Une personne liée par le lien d’un mariage antérieur valide ne peut contracter un nouveau mariage tant que ce lien subsiste ».
En clair, si seule la justice civile a prononcé le divorce, l’Église considère que le mariage d’origine existe toujours. Le remariage religieux n’est envisageable que si un tribunal ecclésiastique reconnaît la nullité du premier mariage. Et l’adultère, aussi douloureux soit-il, ne suffit pas : la nullité ne s’obtient que s’il manquait, dès le départ, le consentement libre, la volonté de s’engager, ou la capacité d’assumer les responsabilités du mariage chrétien.
Les personnes qui choisissent de vivre une nouvelle union civile, sans déclaration de nullité, se retrouvent donc dans une situation dite « irrégulière » pour l’Église. Elles restent membres de la communauté paroissiale, mais certains sacrements, comme l’eucharistie, leur deviennent inaccessibles.
Ce cadre, parfois vécu comme une épreuve, conduit de nombreux couples à demander conseil, à entamer un dialogue avec leur paroisse ou à rejoindre des groupes d’accompagnement. Face à cette rigueur, chaque histoire bouscule la lettre de la loi, et chacun cherche un chemin.
Le pape François et l’évolution du regard pastoral sur les divorcés remariés
Depuis qu’il est à la tête de l’Église, le pape François a imposé un style et ouvert des perspectives. En 2016, il publie Amoris Laetitia, un texte qui ne touche pas à la doctrine mais pousse à une lecture plus humaine, plus attentive aux parcours de vie. L’indissolubilité du mariage reste la règle, mais la manière d’accompagner les divorcés remariés se transforme.
La nouveauté tient dans cette invitation à discerner, à écouter, à regarder chaque situation dans son unicité. Le pape encourage les prêtres à s’intéresser à l’histoire de chaque couple, à ouvrir un dialogue, au lieu de pratiquer l’exclusion systématique. L’accès aux sacrements, et notamment à la communion, n’est plus automatiquement refusé : il peut être envisagé après un cheminement spirituel sincère, et toujours au cas par cas.
Le texte s’inscrit dans la continuité de Familiaris Consortio (Jean-Paul II, 1981), mais propose une lecture ajustée des situations dites « irrégulières ». Le débat reste ouvert, chaque conférence épiscopale conserve sa liberté d’interprétation et d’application, ce qui explique la diversité des pratiques d’un pays à l’autre. Cette question continue de nourrir la réflexion théologique et les débats dans les revues spécialisées.
Être accueilli dans la communauté catholique après un remariage : droits, limites et accompagnement
Dans les paroisses, l’accueil des divorcés remariés s’articule autour d’un principe : accompagner sans juger. La communauté catholique ne ferme pas la porte à ceux qui ont choisi une nouvelle union, même si leur parcours a été marqué par l’adultère. Ces fidèles prennent part à la liturgie, à la prière, aux actions de solidarité. Mais une limite persiste : la communion eucharistique.
Le droit canonique fixe la règle : tant que le lien du premier mariage subsiste, l’accès aux sacrements (communion, réconciliation) reste restreint. L’admission à la communion dépend d’un discernement personnel et pastoral. Certains diocèses mettent en place un accompagnement spirituel soutenu, d’autres adoptent une position plus stricte. Cette disparité reflète la diversité des sensibilités au sein de l’Église universelle.
L’accompagnement pastoral prend plusieurs formes concrètes. Voici quelques dispositifs proposés aux fidèles concernés :
- Groupes de parole pour échanger, partager, rompre l’isolement
- Entretiens individuels avec un prêtre ou une équipe pastorale
- Retraites spirituelles pour favoriser une réflexion en profondeur
Même privés de l’eucharistie, beaucoup de divorcés remariés demeurent pleinement investis dans la vie de l’Église. Leur engagement témoigne d’une appartenance qui dépasse les seuls textes : là où la doctrine pose une limite, la communauté, elle, continue souvent d’accueillir et d’écouter.
Ceux qui traversent ces parcours complexes rappellent que la foi ne se mesure ni au passé ni à la conformité parfaite, mais à la sincérité de la démarche. La route est balisée, mais chaque histoire invente sa propre façon d’habiter la fidélité et la miséricorde. Le débat continue, et l’avenir dira si l’Église saura conjuguer tradition et accueil, sans jamais perdre de vue l’humain.